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Mon perroquet n’est pas motivé !

Mon oiseau n’est pas motivé ! La motivation chez le perroquet

Jacqueline, perruche ondulée

Vous aimeriez faire du renforcement positif et enseigner de nouveaux tours à votre oiseau mais il ne veut pas participer? Vous avez tout essayé mais votre perroquet n’est absolument pas motivé. Impossible pour vous de l’entrainer! 

À ce rythme là, ça va être difficile de lui enseigner quoi que ce soit. Vous avez l’impression qu’il n’y a rien à faire et vous êtes complètement découragés.

C’est tellement décevant de vous préparer pour une séance d’entrainement après avoir tout orchestré et planifié, seulement pour vous retrouver face à vous un perroquet qui fige complètement. 

Pourtant, vous avez lu sur le sujet et vous vous êtes même équipé d’une pochette à récompense rien n’y fait…

Ne jetez pas l’éponge tout de suite, il reste une multitude de choses à essayer ! 

Un perroquet qu’on ne peut pas motiver ?

Quand j’ai adopté Kilo, ma perruche omnicolore, je lisais partout que ces oiseaux n’étaient « pas possible à entrainer », que c’était des perroquets de volière « beau à regarder ». Je ne voulais pas y croire et j’étais déterminée à y arriver.  

À l’époque, j’étais peu expérimentée. Je m’étais donc donnée comme premier défi de la faire embarquer sur ma main. Lors de la première année, j’y arrivais tant bien que mal, mais les choses se sont vites dégradées.
Rapidement, elle a commencé à fuir mes mains et j’étais bouleversée. Mon perroquet n’était plus du tout motivé à être entrainé.

Je me suis demandée si, finalement, c’était vrai tout ce que l’on racontait sur internet. Est-ce que certaines espèces étaient réellement plus difficiles à entrainer, voir impossible?

J’ai donc décidé de faire des recherches plus poussées sur la science du comportement et sur les théories de l’apprentissage. C’est à ce moment-là que j’ai découvert des professionnels exceptionnels. Leurs textes et leurs explications m’ont marqués à vie et c’est comme si on m’avait enfin ouvert les yeux. 

La motivation: du papillon au singe

Les principes d’apprentissage s’appliquent à tous les êtres vivants, si bien que Ken Ramirez a entrainé des papillons!  Oui, oui : des PAPILLONS ! [3]

Si Ken Ramirez peut entrainer des insectes, votre perroquet (peu importe son espèce) peut être motivé à apprendre de nouveaux comportements. 

Et c’est là que ça ma frappé… Kilo n’avait rien à voir dans le fait que je n’arrivais pas à lui enseigner les comportements désirés. 

C’était mon rôle en tant qu’enseignante de m’assurer que mon apprenant comprenait ce que j’attendais de lui. C’était à moi de m’adapter à elle.

Depuis, Kilo a appris à suivre la cible, embarquer sur la balance pour être pesé, entrer dans sa cage sur demande et monter sur mon doigt. Grâce à elle, j’ai beaucoup évolué et j’en connais plus sur les différentes motivations des oiseaux.

L’obstacle dans votre chemin

« Si seulement mon perroquet était motivé, je pourrais atteindre tous mes objectifs ! »

C’est vrai que pour pouvoir entrainer, votre oiseau doit avoir de l’intérêt pour ce que vous voulez lui enseigner. Il y a beaucoup plus d’éléments que vous ne le pensez qui influencent vos séances d’entrainement et, donc, vos possibilités d’enseignement. 

Ici, on parle de rendre vos séances amusantes et stimulantes pour votre compagnon à plumes. Je sais que cela demande un effort considérable de vous adapter (encore) à votre perroquet sauf que c’est primordial.

Attention: la motivation ne doit pas être confondue avec la faim ! Ce n’est pas du tout la même chose. 
Techniquement, un perroquet qui a faim sera plus motivé à prendre la récompense que vous lui proposez. Oui, d’accord. Le problème c’est qu’il y a beaucoup de risques avec l’utilisation de ce genre de technique. De plus, il existe d’autres outils pour créer de la motivation qui ne requièrent pas de réduire l’apport alimentaire de votre oiseau.

Il faut motiver l’animal à vouloir participer. Pour cela, vous devez apprendre à bien le connaitre et arranger l’environnement pour avoir plus de succès. Pour viser juste, il faut connaître les particularités individuelles de l’oiseau que l’on entraine.

Comment reconnaitre un perroquet motivé ?

C’est bien beau parler de tout ça, mais concrètement ça ressemble à quoi un animal motivé ? 

Les signes de motivation:

  • L’animal vous fait face et est attentif à vous
  • Son langage corporel est détendu (ou excité)
  • Il consomme la récompense relativement rapidement
  • Après avoir terminé sa récompense, il redirige son attention vers vous pour la suite
  • Votre animal reste proche de vous
  • Etc.

Les signes que votre perroquet n’est pas motivé:

  • L’oiseau vous tourne le dos, ne vous regarde pas
  • Son langage corporel démontre de l’inconfort ou du stress
  • Il fige et ne bouge pas
  • Il s’éloigne de vous
  • L’oiseau ne prend pas la récompense
  • Il laisse tomber la récompense par terre
  • Votre animal consomme très lentement la récompense
  • Il prend la récompense et s’éloigne de vous
  • Etc.

Signes que ça ne va pas :

  • L’oiseau fait de l’agression redirigée lorsque vous entrainez (agression envers ses jouets, des objets à proximité ou d’autres oiseaux, etc)
  • Il devient stressé en présence de nourriture, il mange la récompense super rapidement et l’avale tout rond
  • L’oiseau a des comportements anormaux répétitifs lors de l’entrainement
  • Votre compagnon tente de vous fuir, il cherche une façon de s’échapper en regardant partout autour
  • Etc.

Gestion des aliments ou gestion du poids ?

Pour créer de la motivation, vous n’avez pas besoin de réduire les portions de votre compagnon ! Il y a un monde de différence entre la gestion du poids et la gestion des aliments.
Pour faire bref, la gestion du poids c’est lorsque l’on rationne la quantité de nourriture d’un animal de façon à obtenir le poids ou la côte de chair souhaité. Dans un contexte d’entrainement, le but recherché c’est surtout d’obtenir les comportements désirés. [4]
Je n’utilise PAS cette technique. Mes oiseaux ont toujours de la nourriture à volonté. Vous verrez plus bas ce que je vous recommande pour augmenter la motivation de votre perroquet sans utiliser la gestion du poids.

D’un autre côté, la gestion des aliments c’est lorsque l’on gère quand et comment la nourriture est donnée, quels sont les aliments offerts ainsi que la quantité offerte de façon à augmenter le désir de présenter les comportements souhaités. [1] On ne rationne pas la quantité de nourriture. On gère simplement la distribution de façon à avoir un perroquet plus motivé.

Voici quelques exemples de gestion des aliments :
1. Conserver les aliments favoris pour les séances d’entrainement.
2. Donner de petites quantités à la fois pour conserver l’intérêt plus longtemps de l’animal.
3. Entrainer l’oiseau juste avant l’heure du repas.
4. Etc.

Mais, il y a encore plus à tenir en considération lorsque l’on parle de motivation. Voici d’autres éléments très importants à tenir en compte:

1. Le moment de la journée

Quand est-ce que votre perroquet est le plus réceptif? Est-ce le matin, sur l’heure du diner ou encore le soir? N’oubliez pas que chaque individu est différent.
Même chose pour nous. Moi, personnellement je suis plus productive le matin c’est donc le meilleur moment pour m’apprendre de nouvelles choses.

Bien évidemment, pour le connaitre le meilleur moment il faut faire des tests et proposer des séances de jeu à différents moments. Prenez en note le tout et utilisez ces informations à votre avantage. 
Si votre perroquet est hyper motivé le matin en se levant, profitez de ce moment pour faire un peu d’entrainement. Si, au contraire, il est plus ouvert en après-midi vous devez vous adapter à lui.

2. La récompense utilisée

Le terme exact pour parler d’une conséquence qui augmente les probabilités qu’un comportement se répète est renforçateur. Je pourrais vous faire un article complet simplement sur ce sujet.

Ce qu’il faut absolument retenir c’est que chaque oiseau a des préférences qui lui sont uniques. Il faut s’assurer que le renforçateur ou la récompense que vous utilisez est réellement quelque chose que votre perroquet aime et qui le motive. N’hésitez pas à essayer différentes choses. Vous pouvez proposer plusieurs aliments différents et voir celui que votre oiseau va choisir en premier. N’hésitez pas à élargir vos horizons et à explorer différents renforçateurs.

3. L’environnement

Il faut aussi s’assurer que l’environnement choisit pour les apprentissages est un endroit où l’oiseau se sent en sécurité et à l’aise. Certains oiseaux n’aiment pas se retrouver dans des endroits inconnus. Cela peut leur faire vivre un stress et diminuer les comportements qu’ils vont produire. Si votre perroquet est «très tranquille» chez la visite contrairement à la maison où il déborde d’énergie, c’est peut-être un indicatif d’inconfort.

Il n’y a rien de mal à commencer les séances avec votre compagnon à même son environnement immédiat. Vous pouvez même commencer l’entrainement alors qu’il est dans sa cage, en contact protégé.

Comment expliquer alors qu’il y a des perroquets qui vont être plus «dociles» ou «faciles à manipuler» loin de leur environnement ou dans des endroits non-familiers ?

Simplement parce qu’à ce moment-là, vous serez probablement ce qu’il y a de plus rassurant pour lui. Face à un milieu inconnu et dans une situation où rien en lui est familier, même un humain qu’il ne connait peut sembler réconfortant.

Même s’il pourrait être tentant d’utiliser cela à votre avantage, sortir l’oiseau de sa zone de confort pour travailler plus «facilement» avec lui n’est pas recommandé.
L’oiseau n’apprendra pas à vous faire confiance et vous n’apprendrez pas à devenir un meilleur partenaire pour lui. Pourquoi? Pensez à ces jeunes enfants qui vivent du stress à la maison et qui n’arrivent pas à apprendre une fois à l’école. C’est la même chose pour votre oiseau. Le stress peut venir entacher ses capacités d’apprentissage.

4. Les distractions

Si vos enfants courent partout, que le chien jappe à la porte et qu’il y a des travaux à l’extérieur, c’est possible que le moment soit mal choisi pour enseigner un nouveau comportement à votre animal. 

Les distractions c’est tout ce qui se passent à l’extérieur de votre séance et qui a le potentiel de capter l’attention de votre oiseau. C’est très difficile de conserver la motivation de votre perroquet s’il y a trop de choses qui se produisent autour de lui. Il sera déconcentré et prendra le fil de votre séance.
Par contre, je connais des oiseaux ne soit pas déstabilisés du tout par les activités autour. Ils ont appris à faire abstraction des distractions.

La liste des distractions possibles est très longues:

  • une ombre sur le mur
  • la proximité d’un autre perroquet
  • la télévision ou une musique forte
  • votre chien ou votre chat
  • les autres membres de votre famille
  • les bruits à l’extérieur
  • les cris d’un autre perroquet
  • etc.

Prendre le temps de les reconnaitre vous aidera à mieux planifier vos séances d’entrainement pour un minium de dérangement.

5. La relation

La relation que vous avez avec votre perroquet affecte toutes les interactions que vous avez avec lui. Plus il vous fera confiance et plus ce sera facile de le motiver.

D’ailleurs, plus vous allez lui enseigner de comportements, plus vous aurez un grand historique de bons moments passés ensemble à apprendre de façon ludique ET plus il sera motivé ! Vos interactions seront perçues comme positives par votre oiseau donc il va apprécier ces séances.

Malheureusement, c’est un cercle vicieux qui peut aller dans l’autre sens. Moins votre oiseau connait de comportement, moins il aura vécu des expériences d’apprentissage positives donc moins il sera facile de le motiver au début. 
Par contre, il ne faut pas vous décourager si vous êtes au commencement de votre relation. On doit tous débuter quelque part et ces premiers pas de découverte avec votre perroquet sont vraiment magiques.

6. La durée

Vous savez ces cours interminables qui auraient pu être intéressants s’ils avaient été un peu moins long? Pensez à conserver l’attention de votre oiseau en gardant les séances courtes et stimulantes. C’est important de vous arrêter avant que votre oiseau ne soit blasé.

D’ailleurs, cela vous enlève un poids à vous aussi. Vous n’avez pas à sacrifier des heures chaque jour pour enrichir votre relation. Plus facile de rester ainsi motivé en tant qu’humain, non ?

Toutefois, cela ne veut pas dire d’arrêter dans le feu de l’action, au moment où votre oiseau a le plus de plaisir car vous allez le frustrer. Essayez plutôt différentes durées et assurez-vous de bien connaitre le langage corporel de votre perroquet. Savez-vous reconnaitre les signes d’ennui ou de diminution de sa motivation?

7. La difficulté

Vous est-il déjà arrivé de vous donner des objectifs trop difficiles et de perdre toute motivation à cause de cela?

Plus vous tentez d’enseigner un comportement complexe et plus cela va demander de la motivation à votre animal. Si c’est une comportement qui lui demande un effort physique soutenu comme voler dans des rafales de vent, cela va lui exiger beaucoup plus d’effort qu’un simple vol du point A au point B dans votre maison. 

Même chose quand vous lui enseigner la cible. Il ne faut pas commencer trop difficile. Si, dès le départ, on demande à l’oiseau de se déplacer sur 4 mètres pour rejoindre l’endroit désiré, on se met en situation d’échec. Il faut y aller un pas à la fois. 

Un autre piège à éviter est celui de vouloir garder les séances trop faciles. Dans un cas comme dans l’autre, vous diminuerez la motivation de votre oiseau. C’est très ennuyant lorsqu’il n’y a aucun défi et c’est assez emmerdant aussi quand il nous ait impossible d’atteindre nos buts.

8. Le nombre d’erreurs

Ça, c’est super important ! C’est justement une erreur que j’ai fait au début et ça m’a couté cher. Souvent, je voulais aller trop vite et je mettais mon oiseau en situation d’échec . Plusieurs fois de suite, je lui demandais un comportement sans qu’il ne le fasse. Alors, je ne lui donnais pas de récompense car il n’avait pas fait ce que je lui avais demandé.

J’ai appris à mes dépends qu’il n’y avait rien de pire pour la motivation des oiseaux. Chaque fois que notre perroquet fait une erreur, il faut en prendre la responsabilité et s’assurer que la prochaine fois il va réussir.
Par exemple, on peut lui demander un comportement qu’il connait bien ou diminuer nos critères pour celui qu’il est en train d’apprendre. Il ne faut pas continuer à lui demander la même chose encore et encore en espérant qu’il finisse par comprendre sinon votre perroquet ne sera plus du tout motivé.

C’est le rôle du professeur et non pas de l’apprenant de s’assurer qu’on minimise le plus possible le nombre d’erreurs. Face à un problème que l’on croit incapable à surmonter, on cesse parfois toute tentative (impuissance acquise) et c’est quelque chose que vous voulez éviter À TOUT PRIX pour votre oiseau.

9. La diversité

Les perroquets sont des animaux très intelligents qui ont besoin de stimulations. Quand c’est trop prévisible, ça peut devenir ennuyant. S’il reçoit toujours une tournesol comme récompense, vos séances n’auront plus rien d’inattendues et il pourrait très bien choisir de ne plus participer.

Mais, la diversité ce n’est pas seulement de varier le type de récompense ou de renforçateur utilisés. C’est aussi de varier les comportements demandés. Plus l’animal a un grand répertoire, plus c’est facile de garder sa motivation. Si vous lui demandez toujours répéter les mêmes comportements dans le même ordre, sa motivation va en prendre un coup.

Aide-mémoire

Résumé des éléments de motivation chez le perroquet

Plus de motivation, plus de plaisir !

Prenez bien le temps de réviser chaque élément un par un. Demandez-vous quelles sont les composantes que vous pourriez améliorer et comment en faire profiter vos entrainements.

Une fois que ce sera fait, vous aurez un perroquet qui prendra plaisir à interagir avec vous et qui apprendra beaucoup plus facilement. Ce sera bien plus agréable pour vous aussi ! Au lieu de tourner en rond, vous aurez des résultats et un monde de possibilités s’offrira à vous.

Pourquoi j’en suis si certaine? Parce que je suis passée par là, moi aussi. Rappelez-vous mes entrainements démoralisants avec ma perruche omnicolore. Grâce aux conseils que je viens de vous prodiguer, c’est maintenant un pur bonheur que de lui enseigner et d’apprendre à ses côtés.

Bonne séance d’entrainement !

Andréanne Garneau,
Technicienne en santé animale et intervenante en comportement aviaire (CPBT-KA)

Tous droits réservés. ©Décembre 2020

SOURCES

[1] International Association of Avian Trainers and Educators- Position Statement. (2008) Food management and weight management
[2] Heidenreich, Barbara. (2014) Weight management in animal training: pitfalls, ethical considerations and alternative options. 
[3] Article sur l’entrainement des papillons de Ken Ramirez:
https://www.clickertraining.com/the-butterfly-project
[4] Article concernant le gestion du poids de Avian Behavior International :
https://avian-behavior.org/weight-management-and-free-flight-bird-programs/
[5] Heidenreich, Barbara. (2006) Managing the deliverance of food to create motivation.

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Récompenser son perroquet sans risque de morsures

Récompenser son perroquet sans risque de morsures

Comment récompenser sans se faire pincer

Vous aimeriez créer une meilleure relation avec votre oiseau mais vous avez peur des morsures? Vous voulez récompenser votre perroquet pour ses bons coups tout en évitant les morsures?

Lorsque vous rencontrer un nouveau perroquet, vous voulez qu’il vous associe de façon positive. Pour débuter votre amitié du bon pied, il n’y a rien de mieux que le jeu. Pour moi, l’entrainement c’est une façon ludique d’enseigner pleins de choses à notre compagnon.
La première chose que j’enseigne à l’oiseau, c’est qu’il peut me faire confiance et que je respecte ses limites. Pour assurer une belle cohabitation, j’enseigne à l’animal les comportements de base comme suivre la cible, rester sur sa station, monter sur ma main, retourner dans sa cage, etc.

Sans cela, notre seule option serait d’utiliser la force ou la contrainte. Et ça, c’est très mauvais pour votre relation.

Dans cet article, je vous montre plusieurs techniques pour diminuer au maximum les chances de morsures lorsque vous vous voulez récompenser un perroquet. 

Mais, avant de commencer, voyons comment interagir avec un oiseau qui est terrorisé des humains. 

Les oiseaux qui ont vraiment peur

Que faire si l’oiseau que vous souhaitez apprivoiser est affolé par les humains ? Si vous approchez sa cage et que ce dernier se lance partout tellement il est stressé ?
Ces individus ne sont pas confortable du tout avec votre présence donc il faut prendre quelques étapes supplémentaires avant de pouvoir bâtir une belle relation de confiance avec eux. Si on arrive et qu’on s’impose sans préalable, on va empirer la situation et les enfermer dans leurs craintes.

La première étape, c’est d’identifier un aliment que votre compagnon aime énormément puis de vous assurez que vous devenez celui qui distribue cet aliment particulier. Si, par exemple, votre oiseau mange un mélange de graines et qu’il adore le tournesol, retirez cet aliment du mélange. Vous pourrez donc l’utiliser à votre avantage pour permettre à votre compagnon à plumes de se détendre en votre présence.  

Parlons des préférences alimentaires

Si la récompense que vous souhaitez utiliser se retrouve à volonté dans sa cage, sa valeur en sera diminuée. 

Au même titre que proposer du dessert en échange d’un bon comportement à un enfant qui peut en manger à volonté dans sa chambre, proposer un aliment à votre perroquet qu’il peut manger quand bon lui semble dans son bol n’aura pas le même effet. 

Grâce à cela, vous avez maintenant des outils à disposition donc reste plus qu’à apprendre comment vous en servir le plus judicieusement possible.

Parlant de ça, êtes-vous certain que votre animal est réellement intéressé par les récompenses que vous lui offrez? Connaissez-vous vraiment ces goûts? N’hésitez pas à faire des tests avec différents aliments de façon à trouver qu’est-ce qui motive réellement votre oiseau. Si ce dernier laisse tomber la noix une fois sur deux, c’est peut-être le temps d’explorer de nouveaux mets.

Faire le premier pas

Okay, ça y est! Vous avez trouvé les récompenses et maintenant il faut gagner la confiance du perroquet. 

Commencez par déposer une récompense (pas 1000, une seule) dans le bol de l’oiseau chaque fois que vous passez à côté de la cage. C’est tout. Faites-la tomber au travers des barreaux pour minimiser le contact.

Ensuite, on s’en va.

Pour l’instant, on ne le regarde pas, on ne lui parle pas: on veut juste associer notre présence à un évènement agréable. Il ne faut pas rester près de la cage pour l’observer. Comme il a peur de vous, vous n’aiderez pas votre cause. Votre arrivée ne sera pas aussi intéressante (de son point de vue) si vous entrez dans sa bulle à chaque fois que vous déposez la récompense. Contentez-vous de déposer l’aliment et de continuer votre chemin. 

Comment savoir si notre technique fonctionne ?

Au commencement, votre perroquet va probablement se tenir le plus loin possible de vous lorsque vous allez approcher sa cage. Il risque de se coller près des barreaux à l’opposé d’où vous vous trouvez.

À force de jumeler votre arrivée avec quelque chose qu’il aime, il va créer une association positive. Plus ça va aller et moins il va se tenir loin de vous pendant vous déposez la récompense. Plus vite que vous ne le pensez, il vous attendra sur son bol pour recevoir son dû.

C’est seulement à ce moment que vous pourrez passer à l’étape suivante.

Entrainer en contact protégé

Qu’est-ce que ça veut dire en contact protégé ? Et bien, simplement qu’on travail avec l’oiseau quand il est dans sa cage. C’est une excellente façon de débuter, surtout avec les individus ayant un historique de morsure.

Ça ne veut pas dire que l’on ne sort pas l’oiseau de sa cage ! C’est seulement qu’on entraine lorsqu’il est dans sa maison. Tout simplement.

Dans cette situation, non seulement vous vous sentirez plus en sécurité mais cela va probablement aussi rassurer l’oiseau. Vous pouvez récompenser votre perroquet sans aucun risque de morsures. L’animal n’a rien à craindre puisqu’il est protégé par les barreaux de sa cage.

Assurez-vous de bien connaitre le langage corporel du perroquet de façon à être en mesure de distinguer les signes d’inconfort. 

Se tenir à bonne distance

Les doigts auraient pu se trouver plus loin pour inciter l’oiseau à s’étirer et minimiser les risques de morsures

C’est très important de toujours arranger l’environnement de façon à ce que les bons comportements soient plus faciles à réaliser que les mauvais. Lorsque vous donnez des récompenses à un perroquet que vous ne connaissez pas, assurez-vous toujours de garder vos doigts à une certaine distance. Ainsi, vous évitez que l’oiseau ne puisse vous mordre.

Donc lorsqu’on donne une récompense au travers des barreaux de la cage, on n’entre pas les doigts à l’intérieur. L’oiseau doit seulement pouvoir venir chercher la récompense du bout du bec. 

Même chose lorsque l’oiseau est sorti de sa cage, pensez à garder la récompense assez loin pour que l’oiseau ait à s’étirer pour prendre l’aliment. 

Parce que tout est dans la prévention

Toute cette prévention a pour but de vous éviter bien des problèmes. Comme discuté dans mon article sur les morsures, il n’y a pas de bonne façon de réagir à ces dernières. La meilleur chose à faire, c’est d’éviter à tout prix les morsures en voulant récompenser votre perroquet.

Avez-vous vraiment besoin de prendre toutes ces précautions ? Cela dépendra entièrement de votre perroquet et de la relation que vous entretenez avec ce dernier!

Maintenant, vous êtes mieux outillé pour récompenser sans vous faire pincer !

Andréanne Garneau,
Intervenante en comportement aviaire (certifié CPBT-KA) et technicienne en santé animale

Tous droits réservés. ©Décembre 2020

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La station : la solution aux agressions territoriales

Comment gérer votre perroquet territorial ?

Chaque fois que vous approchez sa cage, la tension monte. Votre perroquet se raidit, prêt à bondir. Une petite goutte de sueur perle sur votre front.
Pas le choix, vous devez pénétrer le territoire de ce dinosaure préhistorique si vous voulez changer ses bols de nourriture.
Après tout, vivre avec un perroquet territorial c’est pas toujours de tout repos.

Mais pourquoi est-il aussi territorial ? 

Vous qui ne voulez que son bien, qui vous assurez que son eau est toujours fraîche et ses augets bien remplis, vous êtes chassé de son territoire comme un vulgaire étranger ! En plus, vous avez tout fait pour gagner sa confiance mais il continue sans cesse de vouloir vous éloigner.

Lorsque vient le temps de faire la rotation des jouets et le grand ménage, c’est la guerre. Votre perroquet tente de mordre vos mains et cela vous complique vraiment la tâche. 

Même s’il ne vous mord pas fort, vous craignez qu’un jour les morsures augmentent en force et vous n’avez pas tort. Il est vrai que certains perroquets se contentent d’avertir au début. Sauf que rien ne vous garantit qu’il en sera ainsi pour toujours. À force d’ignorer ses avertissements, il pourrait passer aux choses sérieuses.

Pourtant, il semble vous apprécier car vous pouvez le flatter et le prendre sans problème lorsqu’il n’est pas dans sa cage. Alors, c’est quoi son problème ?

Se rejoindre à mi-chemin

Bien qu’il agisse de façon indésirable, au fond, votre oiseau essaie juste d’éloigner vos main de son territoire. C’est un comportement tout à fait normal, quoique plutôt problématique en captivité. 

En plus, il y a fort à parier que vous agresser «fonctionne». Ce que je veux dire par là, c’est qu’il fonce vers vos doigts pour augmenter la distance entre eux et sa cage… et c’est probablement exactement ce qui se passe à chaque fois. Lorsqu’il fonce vers vous, vous reculez votre main. 

Le problème c’est que vous revenez toujours et cela n’a pas pour effet de décourager votre compagnon. Bien au contraire ! 
Comment réagir alors ? Devriez-vous sacrifier votre main pour lui faire comprendre que son comportement n’a aucun effet ?

Non, soyez rassuré !

Tout d’abord, il faut accepter que votre perroquet n’apprécie pas les intrusions dans son territoire. Cela n’a rien à voir avec vous. Contrairement à ce que vous pourriez penser, ce n’est pas du tout personnel. 

C’est simplement ce que l’on appelle de la protection des ressources. Encore une fois, c’est un comportement normal. Bonne nouvelle, votre oiseau n’est pas brisé !

En bref, votre perroquet doit apprendre à se comporter différemment mais il faut faire votre part du marché. Ce n’est pas pour vous défier que votre oiseau veut vous tenir à distance ni parce qu’il ne vous apprécie pas. C’est seulement qu’il n’est pas confortable lorsque vous êtes dans son territoire. 

Je vous propose donc une solution qui vous demande de la compréhension envers votre compagnon sans pour autant vous résoudre à accepter ce comportement.

On accepte de diminuer au maximum les manipulations non nécessaires de son territoire et, en échange, on lui demande de nous laisser procéder en toute tranquillité.

RÉCAPITULATIF
A. Acceptez que votre perroquet agit tout à fait normalement (du point de vue de son espèce).
B. Comprenez que cela n’a absolument rien de personnel envers vous.
C. Diminuez les manipulations non nécessaires au maximum ! On ne veut pas le frustrer.

Entrainez une station

Au lieu de constamment devoir développer de nouveaux stratagèmes pour contrer ses attaques ou encore d’essayer de punir son comportement, je vous recommande d’enseigner une station

Franchement, le concept de la station est assez simple. Il consiste à apprendre à l’oiseau à rester à un endroit prédéterminé pendant une période donnée. 

En d’autres mots, on souhaite que le perroquet reste sagement sur un perchoir loin de vos doigts. 

C’est un comportement incompatible avec celui de venir vous attaquer ou d’essayer de vous mordre la main. C’est aussi très pratique pour les oiseaux qui se ruent dès qu’on ouvre la porte de la cage. 

Perso, j’utilise plusieurs types de stations différentes en fonction de ce que j’attends de l’oiseau.  

Perroquet Meyer sur sa station dans la porte de sa cage utilisée pour les séances d’entrainement

Comment entrainer une station ?

Avant de débuter
– Assurez-vous d’avoir les récompenses favorites de votre oiseau à portée de main.
– Ne commencez pas à entrainer lorsque vous êtes pressé.

1) Décidez quel perchoir fera office de station.
Choisissez un endroit où le perroquet sera à bonne distance de la porte de la cage et de vos mains lorsque vous changez les bols. 

2) Approchez-vous de la cage sans y toucher ni ouvrir la porte. Incitez l’oiseau à se percher à l’endroit désigné en l’attirant avec des récompenses. Dès qu’il a les deux pattes au bon endroit, vous pouvez lui dire «station» (ou même «banane», le mot utilisé n’a pas d’importance). 
Récompensez-le au travers des barreaux de façon à réduire au maximum les risques de morsures. Vous pouvez lire mon article sur l’entrainement en contact protégé

3) Encouragez votre animal à rester sur place en lui distribuant des récompenses. 
Oui, au début, on donne beaucoup de récompenses mais c’est temporaire. C’est simplement le temps que l’oiseau comprenne ce que l’on attend de lui. 
Astuce : vous pouvez utiliser de toutes petites récompenses ou encore des récompenses santé. 

4) Commencez à distancer les récompenses dans le temps en vous assurant que votre oiseau reste sur place. 
Vous voyez ? On commence déjà à réduire la cadence.  
N’oubliez pas que chaque individu est différent. Si votre perroquet quitte constamment sa station, c’est peut-être parce que vous allez trop vite dans les étapes ou qu’il n’a pas compris le but du jeu.

5) Chaque fois qu’il quitte sa station, redirigez-le vers son perchoir. Au moment où il est au bon endroit, vous dites «station» puis vous le récompensez. 

Lâchez pas, vous y êtes presque !

6) Progressivement, vous allez dire «station» de plus en plus tôt. Par exemple, vous commencez au moment où l’oiseau pose une patte au bon endroit puis au moment où il est en train de se diriger vers son perchoir et finalement avant le comportement.
Voilà, très grossièrement, comment on apprend une commande à notre animal. 

7) Augmenter la durée. 
Comme c’est un comportement qui requiert une certaine durée, on doit bâtir cette dernière graduellement. Il ne serait pas raisonnable d’imaginer que votre oiseau peut rester sur place pendant 5 minutes dès la première séance. 
C’est la même raison pour laquelle les élèves de maternelle ont plus d’heures de récréation que les autres niveaux : pour leur apprendre doucement à rester assis plus longtemps. 

8) Augmenter la difficulté en ajoutant les distractions progressivement.  
C’est le temps de montrer à votre compagnon qu’il doit rester sur sa station malgré les distractions. On ne veut pas le mettre en situation d’échec donc on doit être attentif à son langage corporel et s’arrêter avant qu’il ne quitte sa station.
C’est difficile pour lui de rester sur place pendant que vous changez les bols et la tentation sera forte pour lui. Commencez par seulement toucher la porte et récompense-le pour être resté sur place. À mesure que vous progressez, vous pourrez entrer de plus en plus dans son territoire.

Conure à joues vertes sur sa station de carton jaune

N’ayez pas peur de vous lancer

Après tout, on ne parle ici que de quelques petites séances d’environ 5 minutes chacune pour enseigner une station. Tout ce que vous risquez, c’est d’adorer entraîner et de vous découvrir un nouveau talent… ou pas ! 

Vous pouvez continuer d’essayer de gérer les comportements indésirables avec les moyens dont vous disposez…

…ou vous pouvez régler la situation une bonne fois pour toute. 

La décision vous appartient entièrement.

Le danger lorsqu’on essai de diminuer un comportement sans apprendre à l’oiseau quoi faire à la place, c’est de n’avoir comme outil que les punitions. Et les punitions ont un arrière goût plutôt désagréable (agressions, fuite et évitement, peur généralisée, apathie). 

ASTUCES
I. Minimisez au maximum les frustration en évitant de toucher inutilement la cage de l’oiseau ou en le provoquant lorsque vos doigts sont hors d’atteinte (volontairement ou non).
II. Lorsque vous lavez la cage pensez à mettre votre perroquet dans son parc. En l’installant plus loin, vous éviter d’être dérangé par votre compagnon ou de le fâcher inutilement.
III. Si possible, ayez un double des bols d’eau et de nourriture. Comme cela, quand viendra le temps de changer ces derniers, vous en aurez d’autres déjà prêt. Vous n’aurez qu’à manipuler la cage qu’une seule fois.

Andréanne Garneau,
Intervenante en comportement aviaire (certifiée CPBT-KA) et technicienne en santé animale

Tous droits réservés. ©Décembre 2020

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Gagner la confiance de son perroquet en 5 astuces faciles

Comment gagner la confiance de son perroquet ?

5 astuces faciles

Votre relation avec votre perroquet ne se déroule pas du tout comme prévu puisque dernièrement il a changé d’attitude envers vous? Malgré des débuts prometteurs, il est maintenant réticent à vos tentatives de contacts physiques?

Si vous vous demandez si c’est possible de renverser la vapeur, la réponse est «oui».  Je vous présente mes 5 astuces pour développer une belle complicité avec votre compagnon à plumes. Vous pouvez aussi visionner mon vidéo sur le sujet ici!

#1 Décodez le langage corporel de votre animal

C’est essentiel. Comment savoir si votre oiseau n’est pas constamment poussé hors de ses limites si vous n’arrivez pas à le lire? Difficile, n’est-ce pas? Parce que chaque individu est unique, il faut absolument observer ses réactions dans différents contextes et être attentif aux subtilités comme le positionnement de ses plumes ou encore sa posture. 

Évidemment, cela ne s’apprend pas en une semaine. Il faut y mettre le temps nécessaire et surtout interpréter le corps de l’animal dans son ensemble. Si l’on se fit uniquement à un seul critère comme la posture de l’oiseau, on risque fort de passer à côté du dessin d’ensemble. 

Parfois, notre interprétation du comportement animal est influencée par nos perceptions humaines. Un oiseau qui suit vos mouvements de danse peut effectivement partager un bon moment avec vous, mais c’est aussi possible que ce soit une manière agressive de réagir à une situation qui le rend inconfortable ou lui fait peur. 

En gros, ne laissez pas l’arbre vous cacher la forêt et rappelez-vous que le langage de votre perroquet est contextuel et qu’il doit être pris dans son ensemble.

#2 Associez votre présence à des choses que votre oiseau apprécie

Les récompenses alimentaires sont souvent recommandées et ce n’est pas pour rien. Le but n’est pas d’engraisser votre animal mais plutôt de développer rapidement une association positive. 

Pourquoi ne pas utiliser des récompenses verbales, tactiles ou sociales? Simplement parce que ces types de renforçateur sont des renforçateurs secondaires (ou conditionnels) qui dépendent donc de leur association avec d’autres renforçateurs.

La nourriture est un renforçateur primaire ce qui veut dire qu’elle est quelque chose que l’on aime de façon innée, quelque chose qui ne demande aucun apprentissage. C’est plutôt logique quand on y pense. Si les animaux n’étaient pas motivés à s’alimenter dès la naissance, ils mourraient de faim. Après, il faut comprendre que chaque aliment n’a pas la même valeur et surtout que c’est à VOTRE oiseau de décider de ses préférences. 

En résumé, apprenez à reconnaître les préférences individuelles de votre perroquet pour ensuite pouvoir les utiliser judicieusement. Ce sont de précieux outils de motivation.

Si, chaque fois que vous êtes dans les parages, des évènements considérés comme plaisant du point de vue de votre oiseau apparaissent, il vous associera à ces derniers et votre relation en sera améliorée.
L’oiseau qui s’éloignait le plus loin possible dans sa cage à votre approche vous attendra de plus en plus près, au fur et à mesure que sa confiance et son intérêt pour vous grandira. 

Vous n’êtes pas obligé de donner directement une récompense (lire renforçateur) dans le bec de l’oiseau à cette étape. Il suffit de la mettre dans le bol de nourriture avant de vous éloigner. Inutile de rester près de la cage si l’oiseau a peur de vous. Il faut simplement répéter cette étape autant de fois que l’oiseau en aura besoin pour développer de l’intérêt envers votre présence. 

#3 Donnez-lui du contrôle

Cacatoès Goffin qui embarque sur la main

En tant qu’humain, on a souvent peur de perdre le contrôle. C’est normal. On pense qu’il faut faire comprendre à nos animaux domestiques qu’ils ne doivent pas nous désobéir, que les ordres sont non négociables. On se dit: et s’il nous disait toujours «non» par la suite? Et si lui donner du contrôle débalançait notre relation et qu’il essayait de nous contrôler ensuite?

Pour commencer, il faut rationaliser. Vous êtes en contrôle. C’est vous qui décidé de l’environnement dans lequel votre oiseau vit, du nombre d’heures de sommeil qu’il a par nuit, de son alimentation, des jouets et des soins qu’il recevra, des gens qu’il va rencontrer, des récompenses que vous lui donnez, et j’en passe. 
Vous avez le contrôle, votre oiseau ne fera pas de vous son escale (vous ferez ce choix vous-même, croyez-moi). 

Rassuré?

Bon, maintenant parlons de ce que j’entend par contrôle. En fait, c’est de donner la chance à votre animal de s’exprimer. C’est aussi de montrer un profond respect pour ses choix. Par moment, il est possible qu’il n’ait pas envie de se faire toucher ou d’être dérangé. Ce n’est rien de personnel et cela ne le transformera pas en un perroquet capricieux ou têtu, au contraire. S’il vous indique son inconfort face à un objet ou une situation, lui permettre de se retirer ou éloigner l’objet en question est une façon de lui donner du contrôle. 

D’ailleurs, c’est une excellente façon de prévenir les agressions et les morsures dans la mesure où l’individu n’a pas à s’exprimer plus fort (lire: mordre) en tentant de faire fuir la menace avec des comportements que l’on considère moins appropriés. 

#4 Apprenez-lui les comportements essentiels en captivité

Les perroquets ont évolués pour survivre dans un milieu qui ne ressemble en rien à celui dans lequel ils doivent vivre dans nos maisons. Cohabiter avec des humains inclus devoir apprendre beaucoup de comportements et vous aurez compris qu’ils ne viennent pas «tout équipé». 

C’est donc à vous, propriétaires de perroquet de leur enseigner. 

Même s’il semble plus rapide d’attraper l’oiseau dans une serviette pour le retourner dans sa cage au lieu de lui enseigner étape par étape, il faut voir cela comme un investissement. Oui, sur le coup, vos atteignez les résultats escomptés en forçant l’oiseau mais sur le long terme, on détériore la relation avec lui et il ne vous fera jamais entièrement confiance.  

L’alternative que je vous propose, c’est d’enseigner à votre perroquet les comportements que vous jugez nécessaire dans votre colonie. Par exemple, lui apprendre à suivre une cible de manière à diriger l’oiseau sans manipulation. C’est un comportement très pratique si vous avez une famille nombreuse puisque tous pourront sortir et entrer l’oiseau de sa cage tout en diminuant considérablement les risques de morsures. 
De plus, on diminue aussi le stress de l’animal de façon significative lorsqu’il sait ce qu’on attend de lui et qu’on a pris le temps de lui enseigner comment se comporter. 

#5 Soyez son porte-parole

Ce que je veux dire par là, c’est d’être la voix de votre perroquet. Si vous avez des invités et qu’ils rendent votre oiseau inconfortable en mettant les mains dans la cage, c’est votre rôle de parler pour lui. Parfois, on hésite à intervenir car on ne veut pas créer une espèce de bulle autour de son perroquet, ni trop le couver.

Ce que je vous suggère c’est de vous assurer que vous ne laissez pas votre oiseau dans une situation qui le rend malheureux. Il compte sur vous pour lui rendre la vie plus agréable.

Andréanne Garneau
Intervenante en comportement aviaire (CPBT-KA) & technicienne en santé animale

Tous droits réservés. Octobre 2020

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Plus capable d’entendre crier?

Au secours! Mon perroquet crie!

Ahhh la joie de se faire réveiller par les oiseaux qui chantent… Sauf peut-être lorsque ce «chant» vient de votre perroquet. 

On a tous un niveau de tolérance différent face au bruit, mais on va se le dire: c’est pas tout le monde qui a envie d’endurer autant de décibels. Se faire crier dans les oreilles avant même d’avoir pris son café, c’est clairement pas pour moi. Et même si c’est correct pour vous, qu’en ait-il des autres membres de votre famille ou de vos voisins?

Que faire quand les cris de votre oiseau sont insupportables? Comment peut-on les diminuer à un niveau plus acceptable? 

ÉTAPE #1

La première question à vous poser c’est: à quel moment votre perroquet crie? 

Identifiez les moments de la journée qui sont propices aux cris. Vous devez observer votre animal et pour ce faire vous pouvez même le filmer à son insu. Cela vous permettra d’en tirer des informations très précieuses qui seront indispensables, plus loin, dans l’intervention.

  • Est-ce en fin d’après-midi? Le soir avant l’heure du coucher? Le matin après le petit déjeuner? 
  • Est-ce qu’il crie seulement lorsque vous quittez la pièce ou son champs de vision? 
Informations importantes:
  • Date
  • Moment de la journée
  • Activité des humains au moment des cris
  • Activité de l’oiseau au moment des cris
  • Comment vous (ou les autres membres de votre famille) réagissez face aux cris?

N’oubliez pas de garder ces informations en note!

Personnellement, j’ai un dossier pour chacun de mes oiseaux dans lequel je conserve leur certificat de santé, leur feuille de poids, un suivi des entrainements, un journal des agressions en cas de besoin et des observations sur leur comportement.

En quoi ces observations vont vous aider? 

Premièrement, cela va vous permettre de savoir à quel moment concentrer vos efforts pour la 

prévention. En observant votre oiseau plus attentivement, vous allez reconnaitre les moments où il est bruyant, mais aussi ceux où il est silencieux. Que fait votre oiseau lorsqu’il ne crie pas? Est-ce qu’il mange ou joue avec ses jouets?

Deuxièmement, il faut se rappeler que chaque comportement a une fonction. Lors des consultations en comportement, je vous pose beaucoup de questions et je demande des vidéos parce que mon but est justement de trouver cette fonction. En ayant aucune idée de la raison pour laquelle l’oiseau crie ça ne sera pas évident d’éviter de renforcer ces derniers ni de les remplacer par un comportement qui aura la même rôle.

Voyons de plus près une étude de cas de Jacqueline, ma perruche ondulée:

Contexte: à certains moment dans la journée, Jacqueline émet des cris stridents et répétitifs d’une durée de 15 à 160 secondes. Ces derniers ne surviennent que lorsque je suis dans la pièce. La présence de mon conjoint n’affecte pas la probabilité qu’elle produise ces sons. 

Observation détaillée: je décide de prendre des notes pour analyser les différentes raisons possibles de son comportement. C’est à ce moment que je m’aperçois qu’elle crie seulement lorsque mon chien est près de sa cage. Comme ce dernier me suit à la trace, ma présence dans la pièce concorde avec celle de mon chien. 

Hypothèse: je décide de tester mon hypothèse selon laquelle le présence de mon chien maintient les cris. Pour ce faire j’observe la réaction de Jacqueline face à mon chien: dès qu’il s’installe proche de sa cage, elle crie. Je le rappelle et au moment où il s’éloigne, les cris s’arrêtent. J’installe mon chien dans une autre pièce avec un jouet pour plusieurs heures et j’observe le comportement de Jacqueline: aucun cri. Je rappelle mon chien dans la pièce et je lui demande de s’assoir près de la maison à Jacqueline: elle recommence à crier. 

J’en conclus donc qu’il est possible que la fonction des cris de Jacqueline soit d’éloigner mon chien. 

P.S:  Depuis que je m’assure que Floki (mon chien) ne s’arrête pas à côté de la cage de Jacqueline, je n’entends plus ces cris particuliers.

Chaque oiseau est différent. Apprenez à connaitre votre animal.

C’est normal pour un perroquet d’avoir un certain niveau de vocalisations à certains moments de la journée. On ne peut pas attendre de lui qu’il soit parfaitement silencieux en tout temps, ce serait irréaliste peu importe l’espèce.

Allons, maintenant on passe au concret. 

ÉTAPE #2    La prévention

Cette étape, bien qu’elle puisse paraitre trop simpliste, ne devrait pas être balayée d’un simple regard. Au contraire, elle devrait être prise très au sérieux car elle constitue une étape simple mais essentielle.

Le but c’est d’occuper votre oiseau avant qu’il ne commence à crier. Le AVANT est très très important sinon vous risquez de renforcer les cris. À l’étape précédente, vous avez découvert les situations où votre compagnon avait tendance à crier alors vous pouvez maintenant faire de la prévention efficacement. En plus, vous savez maintenant quelles sont les activités incompatibles avec les cris pour votre perroquet!

Exemples d’activités:

  • Prendre une douche ou un bain
  • Pratiquer le rappel au vol (Attention! Certains perroquets sont très bruyants en vol!)
  • Proposer de la recherche alimentaire (foraging)
  • Mettre un bol de nourriture fraiche à disposition
  • Mettre à disposition un jouet à détruire
  • Faire une séance d’entrainement
Lorsqu’un oiseau vient de dépenser son énergie mentalement et physiquement, il souvent est plus calme et moins motivé à crier. 

 

ÉTAPE #3      Extinction

Pour faire simple, l’extinction c’est le non-renforcement d’une réponse précédemment renforcée. Quand le comportement ne produit plus les conséquences souhaitées, on cesse le comportement.

Bon, en vrai ce n’est pas si simple. Vous pouvez vous référez à mon article sur les morsures pour en apprendre plus sur le processus d’extinction.

À cette étape, il est primordial que vous ayez fait vos devoirs pour découvrir la possible fonction du comportement.

Par exemple, si vous croyez que votre oiseau crie pour votre attention, il faut être prudent à ne pas lui en donner lorsqu’il crie. Si, au contraire, votre perroquet semble crier pour que votre conjoint quitte la pièce, il est important qu’il ne la quitte pas lorsque votre compagnon crie.

ATTENTION! Chaque étape est importante et ce serait une grossière erreur que de simplement vous concentrer sur l’extinction.

ÉTAPE #4      Remplacement

Comme discuté plus haut, on veut remplacer le comportement de crier par un qui nous conviendra mieux ET (idéalement) qui aura la même fonction. Voilà, encore une fois, pourquoi il est si important de prendre le temps d’analyser les cris.

Voici quelques exemples de remplacement:

  • Parler au lieu de crier
  • Siffler au lieu de crier
  • Secouer son jouet ou une cloche au lieu de crier
Comment diable apprendre à son compagnon à remplacer les cris par un autre comportement? C’est assez simple, il faut juste prendre le temps et être constant pour s’assurer d’établir une communication claire avec notre animal. 
 
Pour commencer, choisissez le comportement de remplacement. Idéalement, on veut désigner un comportement que l’oiseau connait déjà sinon vous devrez lui apprendre avant de débuter. C’est encore mieux si le nouveau comportement demande moins d’effort que l’ancien!
 
Ensuite, récompensez-le chaque fois qu’il produit l’action désirée. C’est un peu prenant au début mais c’est essentiel. Ne soyez pas inquiet, vous n’aurez pas à récompenser l’oiseau chaque fois pour le restant de vos jours. 
 

ASTUCE
Vous pourriez utiliser un marqueur pour indiquer à votre oiseau le moment exact où il a produit le bon comportement (dans ce cas-ci, lorsqu’il produit un son agréable). C’est le même principe qui est utilisé avec le «clicker»: on «click» lorsque l’animal fait le bon comportement puis on le récompense. Je recommande d’utiliser plutôt un marqueur vocal si vous ne voulez pas trimballer votre clicker sur vous en tout temps.
J’adore le clicker, c’est un outil formidable! Sauf que dans le cas des cris, je le trouve un peu moins pratique et souvent mes clients l’oublient dans une autre pièce. 
Voilà comment procéder:

  • Choisissez un mot comme «Good» ou »Yes» et débutez en conditionnant votre oiseau à ce mot.
    Pour cet exemple, nous allons utiliser le mot «Good». Idéalement, favorisez un mot que vous n’utilisez pas habituellement.
  • Vous dites «Good» puis vous récompensez votre perroquet. Répétez plusieurs fois pour que l’oiseau associe le mot à la gâterie. 
  • Si, lorsqu’il entend ce mot, votre perroquet se tourne vers vous comme s’il anticipait la récompense c’est probablement qu’il a fait l’association. 
  • Une fois que l’oiseau connait le marqueur, vous allez pouvoir vous en servir pour marquer le moment exact où il parle ou fait un son agréable. 
    Ainsi, même lorsque vous êtes dans une autre pièce, vous pouvez lui apprendre quels sont les sons que vous aimez.
  • Votre perroquet arrête de crier et il parle donc vous dites «Good» et vous vous dirigez vers lui pour le récompenser.
    Peu importe s’il a recommencé à crier le temps de vous rendre à lui, vous avez indiqué à l’oiseau quel comportement lui valait la récompense.

Pensez à l’apprentissage de la propreté chez l’enfant: au début, vous le récompensez amplement chaque fois et vous en faites toute une scène. Vous appelez papi, mamie, mononcle, matante, c’est la party quoi

Par la suite, plus le temps avance et moins vous aurez besoin de féliciter votre progéniture à chaque fois. L’important c’est surtout d’être très consistant en période d’apprentissage. Même chose pour vos animaux. 

Une fois que votre oiseau a bien compris qu’il doit maintenant produire le nouveau comportement au lieu de crier, vous pouvez commencer à étirer les fois où vous allez le récompenser (étirement de la proportion)

Maintenant, vous allez renforcer l’animal de façon variable. Précédemment, il obtenait toujours un renforçateur mais vous allez l’habituer graduellement à un changement de programme. Le mot graduellement est très important ici. On ne doit pas passer de  «je te récompense à chaque fois» à «je te récompense une fois sur 10». Le danger si vous faites cela, c’est que le nouveau comportement se détériore. 

Résultat? Retour des cris et découragement de votre part.

Prenez votre temps et ne soyez pas pressé d’en finir! Diminuer les renforçateurs à une fois sur deux ou trois (je préfère, personnellement, les cédules variables) pendant quelques séances puis une fois sur quatre ou cinq, etc. Si l’oiseau «rechute» et se remet à crier, pensez à revenir un peu en arrière et à y aller plus graduellement. 

EN RÉSUMÉ

  1. Prenez en note les moments où votre perroquet est bruyant et faites des liens.
  2. Occupez votre perroquet avec une activité incompatible avec les cris avant que ceux-ci débutent. 
  3. Identifiez la raison des cris de votre perroquet et assurez-vous de ne pas les renforcer.
  4. Trouvez un comportement de remplacement et apprenez à votre oiseau à utiliser ce dernier. 

 

Si cet article vous a aidé mais que vous cherchez plus d’information sur ce sujet, prenez mon cours en ligne sur les cris.

 Technicienne en santé animale et intervenante en comportement aviaire, Andréanne a une certification internationale en tant qu’entraineuse d’oiseaux. Passionnée par le monde aviaire, elle s’est donné pour mission de transmettre son savoir par l’intermédiaire de capsules vidéos, d’articles, de cours en ligne et de consultations. 

Andréanne Garneau, CPBT-KA

Tous droits réservés. Août 2020

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Ignorer les morsures? Vraiment?!

Ignorez les morsures? Vraiment?!

Perruche à collier (Psittacula krameri)

Dernièrement, votre douce petite Polly s’est transformée en vampire. Vous qui pouviez tout faire avec! Maintenant, elle vous mord sans raison et ne tolère plus les manipulations. Vos mains souffrent et votre coeur aussi. Que se passe-t-il? Qu’avez-vous fait pour mériter cela? Vous ouvrez internet et vous recherchez des conseils pour cesser ce calvaire. À plusieurs reprises, vous lisez qu’il faut ignorer les morsures et laisser le temps passer. Vous êtes confus mais vous vous dites que vous n’avez rien à perdre, alors vous essayez. Les jours passent et votre cauchemar continue…

Un conseil que l’on entend souvent consiste à ignorer les morsures ou ne pas y réagir. Analysons les répercutions d’une telle recommandation. 

1. Certaines morsures ne peuvent juste pas être ignorées

Imaginez-vous avec un grand ara ou un même un amazone pendu au bout du doigt… Ce ne serait pas très adéquat que de rester de marbre en attendant que l’oiseau décide enfin de cesser de charcuter votre peau et d’aller voir ailleurs. Non seulement certains perroquets peuvent infliger des blessures très sérieuses et cet incident pourrait vous laisser un goût amer. 

Vous allez probablement retirer votre doigt pour cesser cette sensation de douleur si votre perroquet vous mord. 

Ce qui normal et correct. Protégez votre corps. 

Même la morsure d’une petite conure ou d’une perruche peut vous occasionner de la douleur. Il serait faux de croire que vivre avec un perroquet c’est d’accepter de vivre avec des morsures. 

2. Pourquoi votre perroquet vous mord?

S’il y a bien une chose que l’on doit mettre au clair c’est que les animaux (comme les humains) répètent les comportements qui leur apportent des conséquences intéressantes (du point de vue de l’individu). 

Imaginons le scénario suivant:

Votre oiseau commence à avoir faim, il est fatigué et veut retourner dans sa cage. Vous tentez d’interagir avec lui, mais il n’est pas très réceptif et il vous mord. Pour le punir, vous décidez de le retourner dans sa cage… Résultat? Votre oiseau risque de vous mordre plus souvent car la conséquence est plaisante. 

Chaque comportement a une fonction. 

Est-ce que votre perroquet tente d’éviter ou d’obtenir quelque chose? Il veut que vous retiriez votre main, que vous vous éloigniez de sa cage? Il veut descendre de votre épaule, se faire flatter, retourner dans sa cage? 

Comment éviter de donner une raison à l’oiseau de vous mordre plus souvent?! Existe-t-il un gadget magique pour lire les pensées? Malheureusement, non… Il faut faire un travail de détective et analyser le tout. 

  • Qu’est-ce qui se passe juste avant la morsure (antécédents) ?
  • Comment réagissez-vous suite à la morsure? Que se passe-t-il juste après (conséquences)?
On y reviendra dans la section «Tout est dans le contexte». Pour l’instant, allons découvrir ce qui se cache derrière cette recommandation. 
 

3. Le raisonnement derrière le fait d’ignorer les morsures

Le principe derrière tout cela n’est pas fou. On vous conseil d’ignorer les morsures dans le simple but d’éviter que votre réaction ou vos actions soient perçues comme désirables par l’oiseau. Si ce n’était que ça, le principe serait super; on subit une fois la douleur en silence puis l’oiseau ne le refait plus jamais…

Mais ça ne fonctionne pas comme ça. Rappelez-vous que la morsure a une fonction. Réaction ou pas, l’oiseau tente de vous dire quelque chose et vous n’écoutez pas. Lorsque l’on compte seulement sur le fait de ne pas renforcer un comportement, on se base sur l’extinction (non renforcement d’une réponse précédemment renforcée). 

 

4. Les problèmes de l’extinction

Une telle procédure entraine plusieurs effets secondaires dont:

  • Un pic d’extinction
  • La résurgence
  • Le comportement émotif
D’autres problèmes peuvent apparaitre mais concentrons-nous sur ceux-ci. Qu’est-ce que le pic d’extinction? Pour faire simple, c’est l’augmentation de la force et/ou de l’intensité d’un comportement avant de s’éteindre… Voyez-vous ce que cela peut signifier pour vos doigts?

La résurgence n’est ni plus ni moins que la réapparition de comportement autrefois renforcer (aviez-vous enfin diminuer les cris?). De son côté, le comportement émotif peut se traduire par de la frustration… ou des agressions. 

5. Que faire si votre oiseau vous mord?

Ce que je veux vous faire comprendre, c’est que le fait de se reposer sur un tel principe (simplement ignorer les morsures) comporte des risques et est incomplet. Je suis 100% d’accord que lorsqu’une agression imprévue survient, moins vous allez réagir, mieux ce sera. Je ne parle pas de vous laisser mordre. Je parle de ne pas crier sur l’oiseau, de ne pas lui parler ni de lui dire «non». Éloignez-vous de lui, soignez vos blessures et pleurez à chaudes larmes si vous en avez besoin. 

Une fois que vous aurez les idées plus claires, prenez des notes de ce qui s’est passé dans votre Journal des agressions (Voir section en-dessous ).

 

6. Tout est dans le contexte

Pensez-y bien: est-ce que votre oiseau vous mord n’importe quand? Est-ce qu’il mord vos doigts, votre oreille, votre visage? Où se trouve-t-il quand il vous mord? Qu’est-ce que vous êtes en train de faire lorsqu’il vous mord? 

Tenir un «Journal des agressions» vous aidera énormément. Voici quelques données importantes à y écrire:

  • Inscrivez la date et le moment de la journée
  • Notez l’activité dans la maison au moment de la morsure
  • Qui était présent? Où étiez-vous et où était votre perroquet?
  • Que faisiez vous avant la morsure? 
  • Que faisait votre perroquet avant de vous mordre ?
  • Comment avez-vous réagit après la morsure? Qu’est-ce que vous avez fait?
Exemple de cas : 

Je suis dans la cuisine avec les enfants, je les aide à faire leurs devoirs et mon perroquet est tranquille sur mon épaule. Mon conjoint écoute la télévision dans une autre pièce. Je décide de prendre mon perroquet car j’aimerais bien le descendre de mon épaule le temps de vider le lave-vaisselle. Je vais pour le prendre et il me mord. Je retire ma main et je le chicane en lui disant «Non». J’appelle mon conjoint pour qu’il vienne prendre le perroquet car lui ne se fait jamais mordre. Il prend l’oiseau et le dépose sur son parc, sur la table de la cuisine. 

À inscrire dans votre «Journal des agressions» :

Date: mercredi 24 juin vers 17h30

Activités: Conjoint assis dans le salon à écouter la télévision. Enfants assis à la table en train de faire leurs devoirs.  

Contexte: Perroquet sur mon épaule et moi je suis dans la cuisine avec les enfants.

Juste avant la morsure: perroquet ne fait rien de particulier sur l’épaule. J’approche ma main du perroquet pour le prendre et je lui dit «up».

BOUM! Morsure.

Juste après la morsure: je retire ma main et je dis «Non!» fermement à l’oiseau. Mon conjoint présente sa main à l’oiseau pour le descendre. 

 

 

NOTE: Restez objectif. Décrivez la situation de façon à ce tous ceux qui liraient votre résumé pourraient se représenter la scène de la même manière. Plus on s’en tient au fait, moins nos émotions viennent interférer avec notre interprétation objective de l’évènement. 

C’est un peu comme jouer à la devinette: on essaie de trouver la fonction du comportement. Comme nous ne sommes pas en mesure de demander à l’oiseau si nous avons bien compris pourquoi il se comportait ainsi, on spécule sur ses intentions jusqu’à ce qu’on ait assez de preuves pour justifier notre théorie. 

6. C’est bien beau tout ça… Mais c’est quoi la solution?!

Vous devez apprendre à reconnaitre sous quelles conditions votre perroquet vous mord. Prendre des notes dans votre journal vous permettra de cibler plus précisément les situations à risque et vous serez en mesure de les éviter. 

LA PRÉVENTION A BIEN MEILLEUR GOÛT. 

En évitant le plus possible que votre compagnon vous croque, vous réduisez les chances de l’encourager à recommencer. Il vous mord quand il est sur votre épaule? On ne le laisse plus monter sur l’épaule. Il vous mord quand vous avez votre cellulaire dans les mains? On ne touche plus à notre cellulaire lorsqu’il est sorti de sa cage. Il vous attaque quand vous changez ses bols? On ne change plus ses bols… Non, c’est une blague. On change quand même ses bols de nourriture, mais on ne le fait pas lorsqu’il est dans sa cage ou sur cette dernière. On l’occupe ailleurs et on change les bols à ce moment-là. 

Je sais ce que vous vous dites: que ce n’est pas une solution à long terme, que vous ne voulez pas seulement éviter toutes les situations. Vous avez bien raison. Le prévention c’est surtout durant le temps que vous allez travailler à la source du problème. Voilà ce qui nous emmène à la prochaine étape.

7. Enseigner un comportement de remplacement

Ça y est: vous avez bien fait vos devoirs, vous pensez avoir découvert la raison pour laquelle votre perroquet vous agressait (grâce à votre Journal des agressions) et vous connaissez les situations où cela survient. De plus, votre analyse était assez bonne car vous avez évité beaucoup de morsures et il est temps de vous demander ce que vous aimeriez que votre perroquet fasse à la place.

 Voici quelques exemples:

  • Au lieu de vous mordre lorsque vous le descendez de votre épaule, vous aimeriez qu’il descende de lui-même. 
  • Au lieu de vous attaquer lors du changement des bols, vous aimeriez qu’il reste sur son perchoir.
  • Au lieu de vous mordre quand vous touchez votre cellulaire, vous aimeriez qu’il reste sur son parc. 

En sachant quel comportement vous aimeriez, vous pourrez vous concentrer à récompenser ce comportement. 

Il ne vous reste plus qu’à enseigner le comportement approprié à l’oiseau (ce qui n’est pas une mince affaire, mais regardez tout le chemin parcouru!). 

 

En résumé

  • Soyez attentif à votre perroquet et portez attention aux situations où les agressions surviennent.
  • Éviter les situations à risques!
  • Tenez un «Journal des agressions» pour analyser la fonction des morsures
  • Demandez-vous quel comportement vous aimeriez voir à la place des morsures.

Si vous êtes dépassé par le comportement de votre perroquet ou si vous avez besoin d’aide pour évaluer la fonction de la morsure, n’hésitez pas à me contacter pour une consultation privée. 

Andréanne Garneau, CPBT-KA

SOURCES

Powell, A. R., Honey, P. L., Symbaluk G. D. (2016) Psychologie de l’apprentissage. Montréal: Chenelière Éducation. Révision scientifique de l’édition française par Guy Lacroix. 

Ramirez, K. (1999) Animal training: successful animal management through positive reinforcement. 

 

 

 

Projet Perroquet/ Andréanne Garneau  Juin 2020 ©