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Mon perroquet n’est pas motivé !

Mon oiseau n’est pas motivé ! La motivation chez le perroquet

Jacqueline, perruche ondulée

Vous aimeriez faire du renforcement positif et enseigner de nouveaux tours à votre oiseau mais il ne veut pas participer? Vous avez tout essayé mais votre perroquet n’est absolument pas motivé. Impossible pour vous de l’entrainer! 

À ce rythme là, ça va être difficile de lui enseigner quoi que ce soit. Vous avez l’impression qu’il n’y a rien à faire et vous êtes complètement découragés.

C’est tellement décevant de vous préparer pour une séance d’entrainement après avoir tout orchestré et planifié, seulement pour vous retrouver face à vous un perroquet qui fige complètement. 

Pourtant, vous avez lu sur le sujet et vous vous êtes même équipé d’une pochette à récompense rien n’y fait…

Ne jetez pas l’éponge tout de suite, il reste une multitude de choses à essayer ! 

Un perroquet qu’on ne peut pas motiver ?

Quand j’ai adopté Kilo, ma perruche omnicolore, je lisais partout que ces oiseaux n’étaient « pas possible à entrainer », que c’était des perroquets de volière « beau à regarder ». Je ne voulais pas y croire et j’étais déterminée à y arriver.  

À l’époque, j’étais peu expérimentée. Je m’étais donc donnée comme premier défi de la faire embarquer sur ma main. Lors de la première année, j’y arrivais tant bien que mal, mais les choses se sont vites dégradées.
Rapidement, elle a commencé à fuir mes mains et j’étais bouleversée. Mon perroquet n’était plus du tout motivé à être entrainé.

Je me suis demandée si, finalement, c’était vrai tout ce que l’on racontait sur internet. Est-ce que certaines espèces étaient réellement plus difficiles à entrainer, voir impossible?

J’ai donc décidé de faire des recherches plus poussées sur la science du comportement et sur les théories de l’apprentissage. C’est à ce moment-là que j’ai découvert des professionnels exceptionnels. Leurs textes et leurs explications m’ont marqués à vie et c’est comme si on m’avait enfin ouvert les yeux. 

La motivation: du papillon au singe

Les principes d’apprentissage s’appliquent à tous les êtres vivants, si bien que Ken Ramirez a entrainé des papillons!  Oui, oui : des PAPILLONS ! [3]

Si Ken Ramirez peut entrainer des insectes, votre perroquet (peu importe son espèce) peut être motivé à apprendre de nouveaux comportements. 

Et c’est là que ça ma frappé… Kilo n’avait rien à voir dans le fait que je n’arrivais pas à lui enseigner les comportements désirés. 

C’était mon rôle en tant qu’enseignante de m’assurer que mon apprenant comprenait ce que j’attendais de lui. C’était à moi de m’adapter à elle.

Depuis, Kilo a appris à suivre la cible, embarquer sur la balance pour être pesé, entrer dans sa cage sur demande et monter sur mon doigt. Grâce à elle, j’ai beaucoup évolué et j’en connais plus sur les différentes motivations des oiseaux.

L’obstacle dans votre chemin

« Si seulement mon perroquet était motivé, je pourrais atteindre tous mes objectifs ! »

C’est vrai que pour pouvoir entrainer, votre oiseau doit avoir de l’intérêt pour ce que vous voulez lui enseigner. Il y a beaucoup plus d’éléments que vous ne le pensez qui influencent vos séances d’entrainement et, donc, vos possibilités d’enseignement. 

Ici, on parle de rendre vos séances amusantes et stimulantes pour votre compagnon à plumes. Je sais que cela demande un effort considérable de vous adapter (encore) à votre perroquet sauf que c’est primordial.

Attention: la motivation ne doit pas être confondue avec la faim ! Ce n’est pas du tout la même chose. 
Techniquement, un perroquet qui a faim sera plus motivé à prendre la récompense que vous lui proposez. Oui, d’accord. Le problème c’est qu’il y a beaucoup de risques avec l’utilisation de ce genre de technique. De plus, il existe d’autres outils pour créer de la motivation qui ne requièrent pas de réduire l’apport alimentaire de votre oiseau.

Il faut motiver l’animal à vouloir participer. Pour cela, vous devez apprendre à bien le connaitre et arranger l’environnement pour avoir plus de succès. Pour viser juste, il faut connaître les particularités individuelles de l’oiseau que l’on entraine.

Comment reconnaitre un perroquet motivé ?

C’est bien beau parler de tout ça, mais concrètement ça ressemble à quoi un animal motivé ? 

Les signes de motivation:

  • L’animal vous fait face et est attentif à vous
  • Son langage corporel est détendu (ou excité)
  • Il consomme la récompense relativement rapidement
  • Après avoir terminé sa récompense, il redirige son attention vers vous pour la suite
  • Votre animal reste proche de vous
  • Etc.

Les signes que votre perroquet n’est pas motivé:

  • L’oiseau vous tourne le dos, ne vous regarde pas
  • Son langage corporel démontre de l’inconfort ou du stress
  • Il fige et ne bouge pas
  • Il s’éloigne de vous
  • L’oiseau ne prend pas la récompense
  • Il laisse tomber la récompense par terre
  • Votre animal consomme très lentement la récompense
  • Il prend la récompense et s’éloigne de vous
  • Etc.

Signes que ça ne va pas :

  • L’oiseau fait de l’agression redirigée lorsque vous entrainez (agression envers ses jouets, des objets à proximité ou d’autres oiseaux, etc)
  • Il devient stressé en présence de nourriture, il mange la récompense super rapidement et l’avale tout rond
  • L’oiseau a des comportements anormaux répétitifs lors de l’entrainement
  • Votre compagnon tente de vous fuir, il cherche une façon de s’échapper en regardant partout autour
  • Etc.

Gestion des aliments ou gestion du poids ?

Pour créer de la motivation, vous n’avez pas besoin de réduire les portions de votre compagnon ! Il y a un monde de différence entre la gestion du poids et la gestion des aliments.
Pour faire bref, la gestion du poids c’est lorsque l’on rationne la quantité de nourriture d’un animal de façon à obtenir le poids ou la côte de chair souhaité. Dans un contexte d’entrainement, le but recherché c’est surtout d’obtenir les comportements désirés. [4]
Je n’utilise PAS cette technique. Mes oiseaux ont toujours de la nourriture à volonté. Vous verrez plus bas ce que je vous recommande pour augmenter la motivation de votre perroquet sans utiliser la gestion du poids.

D’un autre côté, la gestion des aliments c’est lorsque l’on gère quand et comment la nourriture est donnée, quels sont les aliments offerts ainsi que la quantité offerte de façon à augmenter le désir de présenter les comportements souhaités. [1] On ne rationne pas la quantité de nourriture. On gère simplement la distribution de façon à avoir un perroquet plus motivé.

Voici quelques exemples de gestion des aliments :
1. Conserver les aliments favoris pour les séances d’entrainement.
2. Donner de petites quantités à la fois pour conserver l’intérêt plus longtemps de l’animal.
3. Entrainer l’oiseau juste avant l’heure du repas.
4. Etc.

Mais, il y a encore plus à tenir en considération lorsque l’on parle de motivation. Voici d’autres éléments très importants à tenir en compte:

1. Le moment de la journée

Quand est-ce que votre perroquet est le plus réceptif? Est-ce le matin, sur l’heure du diner ou encore le soir? N’oubliez pas que chaque individu est différent.
Même chose pour nous. Moi, personnellement je suis plus productive le matin c’est donc le meilleur moment pour m’apprendre de nouvelles choses.

Bien évidemment, pour le connaitre le meilleur moment il faut faire des tests et proposer des séances de jeu à différents moments. Prenez en note le tout et utilisez ces informations à votre avantage. 
Si votre perroquet est hyper motivé le matin en se levant, profitez de ce moment pour faire un peu d’entrainement. Si, au contraire, il est plus ouvert en après-midi vous devez vous adapter à lui.

2. La récompense utilisée

Le terme exact pour parler d’une conséquence qui augmente les probabilités qu’un comportement se répète est renforçateur. Je pourrais vous faire un article complet simplement sur ce sujet.

Ce qu’il faut absolument retenir c’est que chaque oiseau a des préférences qui lui sont uniques. Il faut s’assurer que le renforçateur ou la récompense que vous utilisez est réellement quelque chose que votre perroquet aime et qui le motive. N’hésitez pas à essayer différentes choses. Vous pouvez proposer plusieurs aliments différents et voir celui que votre oiseau va choisir en premier. N’hésitez pas à élargir vos horizons et à explorer différents renforçateurs.

3. L’environnement

Il faut aussi s’assurer que l’environnement choisit pour les apprentissages est un endroit où l’oiseau se sent en sécurité et à l’aise. Certains oiseaux n’aiment pas se retrouver dans des endroits inconnus. Cela peut leur faire vivre un stress et diminuer les comportements qu’ils vont produire. Si votre perroquet est «très tranquille» chez la visite contrairement à la maison où il déborde d’énergie, c’est peut-être un indicatif d’inconfort.

Il n’y a rien de mal à commencer les séances avec votre compagnon à même son environnement immédiat. Vous pouvez même commencer l’entrainement alors qu’il est dans sa cage, en contact protégé.

Comment expliquer alors qu’il y a des perroquets qui vont être plus «dociles» ou «faciles à manipuler» loin de leur environnement ou dans des endroits non-familiers ?

Simplement parce qu’à ce moment-là, vous serez probablement ce qu’il y a de plus rassurant pour lui. Face à un milieu inconnu et dans une situation où rien en lui est familier, même un humain qu’il ne connait peut sembler réconfortant.

Même s’il pourrait être tentant d’utiliser cela à votre avantage, sortir l’oiseau de sa zone de confort pour travailler plus «facilement» avec lui n’est pas recommandé.
L’oiseau n’apprendra pas à vous faire confiance et vous n’apprendrez pas à devenir un meilleur partenaire pour lui. Pourquoi? Pensez à ces jeunes enfants qui vivent du stress à la maison et qui n’arrivent pas à apprendre une fois à l’école. C’est la même chose pour votre oiseau. Le stress peut venir entacher ses capacités d’apprentissage.

4. Les distractions

Si vos enfants courent partout, que le chien jappe à la porte et qu’il y a des travaux à l’extérieur, c’est possible que le moment soit mal choisi pour enseigner un nouveau comportement à votre animal. 

Les distractions c’est tout ce qui se passent à l’extérieur de votre séance et qui a le potentiel de capter l’attention de votre oiseau. C’est très difficile de conserver la motivation de votre perroquet s’il y a trop de choses qui se produisent autour de lui. Il sera déconcentré et prendra le fil de votre séance.
Par contre, je connais des oiseaux ne soit pas déstabilisés du tout par les activités autour. Ils ont appris à faire abstraction des distractions.

La liste des distractions possibles est très longues:

  • une ombre sur le mur
  • la proximité d’un autre perroquet
  • la télévision ou une musique forte
  • votre chien ou votre chat
  • les autres membres de votre famille
  • les bruits à l’extérieur
  • les cris d’un autre perroquet
  • etc.

Prendre le temps de les reconnaitre vous aidera à mieux planifier vos séances d’entrainement pour un minium de dérangement.

5. La relation

La relation que vous avez avec votre perroquet affecte toutes les interactions que vous avez avec lui. Plus il vous fera confiance et plus ce sera facile de le motiver.

D’ailleurs, plus vous allez lui enseigner de comportements, plus vous aurez un grand historique de bons moments passés ensemble à apprendre de façon ludique ET plus il sera motivé ! Vos interactions seront perçues comme positives par votre oiseau donc il va apprécier ces séances.

Malheureusement, c’est un cercle vicieux qui peut aller dans l’autre sens. Moins votre oiseau connait de comportement, moins il aura vécu des expériences d’apprentissage positives donc moins il sera facile de le motiver au début. 
Par contre, il ne faut pas vous décourager si vous êtes au commencement de votre relation. On doit tous débuter quelque part et ces premiers pas de découverte avec votre perroquet sont vraiment magiques.

6. La durée

Vous savez ces cours interminables qui auraient pu être intéressants s’ils avaient été un peu moins long? Pensez à conserver l’attention de votre oiseau en gardant les séances courtes et stimulantes. C’est important de vous arrêter avant que votre oiseau ne soit blasé.

D’ailleurs, cela vous enlève un poids à vous aussi. Vous n’avez pas à sacrifier des heures chaque jour pour enrichir votre relation. Plus facile de rester ainsi motivé en tant qu’humain, non ?

Toutefois, cela ne veut pas dire d’arrêter dans le feu de l’action, au moment où votre oiseau a le plus de plaisir car vous allez le frustrer. Essayez plutôt différentes durées et assurez-vous de bien connaitre le langage corporel de votre perroquet. Savez-vous reconnaitre les signes d’ennui ou de diminution de sa motivation?

7. La difficulté

Vous est-il déjà arrivé de vous donner des objectifs trop difficiles et de perdre toute motivation à cause de cela?

Plus vous tentez d’enseigner un comportement complexe et plus cela va demander de la motivation à votre animal. Si c’est une comportement qui lui demande un effort physique soutenu comme voler dans des rafales de vent, cela va lui exiger beaucoup plus d’effort qu’un simple vol du point A au point B dans votre maison. 

Même chose quand vous lui enseigner la cible. Il ne faut pas commencer trop difficile. Si, dès le départ, on demande à l’oiseau de se déplacer sur 4 mètres pour rejoindre l’endroit désiré, on se met en situation d’échec. Il faut y aller un pas à la fois. 

Un autre piège à éviter est celui de vouloir garder les séances trop faciles. Dans un cas comme dans l’autre, vous diminuerez la motivation de votre oiseau. C’est très ennuyant lorsqu’il n’y a aucun défi et c’est assez emmerdant aussi quand il nous ait impossible d’atteindre nos buts.

8. Le nombre d’erreurs

Ça, c’est super important ! C’est justement une erreur que j’ai fait au début et ça m’a couté cher. Souvent, je voulais aller trop vite et je mettais mon oiseau en situation d’échec . Plusieurs fois de suite, je lui demandais un comportement sans qu’il ne le fasse. Alors, je ne lui donnais pas de récompense car il n’avait pas fait ce que je lui avais demandé.

J’ai appris à mes dépends qu’il n’y avait rien de pire pour la motivation des oiseaux. Chaque fois que notre perroquet fait une erreur, il faut en prendre la responsabilité et s’assurer que la prochaine fois il va réussir.
Par exemple, on peut lui demander un comportement qu’il connait bien ou diminuer nos critères pour celui qu’il est en train d’apprendre. Il ne faut pas continuer à lui demander la même chose encore et encore en espérant qu’il finisse par comprendre sinon votre perroquet ne sera plus du tout motivé.

C’est le rôle du professeur et non pas de l’apprenant de s’assurer qu’on minimise le plus possible le nombre d’erreurs. Face à un problème que l’on croit incapable à surmonter, on cesse parfois toute tentative (impuissance acquise) et c’est quelque chose que vous voulez éviter À TOUT PRIX pour votre oiseau.

9. La diversité

Les perroquets sont des animaux très intelligents qui ont besoin de stimulations. Quand c’est trop prévisible, ça peut devenir ennuyant. S’il reçoit toujours une tournesol comme récompense, vos séances n’auront plus rien d’inattendues et il pourrait très bien choisir de ne plus participer.

Mais, la diversité ce n’est pas seulement de varier le type de récompense ou de renforçateur utilisés. C’est aussi de varier les comportements demandés. Plus l’animal a un grand répertoire, plus c’est facile de garder sa motivation. Si vous lui demandez toujours répéter les mêmes comportements dans le même ordre, sa motivation va en prendre un coup.

Aide-mémoire

Résumé des éléments de motivation chez le perroquet

Plus de motivation, plus de plaisir !

Prenez bien le temps de réviser chaque élément un par un. Demandez-vous quelles sont les composantes que vous pourriez améliorer et comment en faire profiter vos entrainements.

Une fois que ce sera fait, vous aurez un perroquet qui prendra plaisir à interagir avec vous et qui apprendra beaucoup plus facilement. Ce sera bien plus agréable pour vous aussi ! Au lieu de tourner en rond, vous aurez des résultats et un monde de possibilités s’offrira à vous.

Pourquoi j’en suis si certaine? Parce que je suis passée par là, moi aussi. Rappelez-vous mes entrainements démoralisants avec ma perruche omnicolore. Grâce aux conseils que je viens de vous prodiguer, c’est maintenant un pur bonheur que de lui enseigner et d’apprendre à ses côtés.

Bonne séance d’entrainement !

Andréanne Garneau,
Technicienne en santé animale et intervenante en comportement aviaire (CPBT-KA)

Tous droits réservés. ©Décembre 2020

SOURCES

[1] International Association of Avian Trainers and Educators- Position Statement. (2008) Food management and weight management
[2] Heidenreich, Barbara. (2014) Weight management in animal training: pitfalls, ethical considerations and alternative options. 
[3] Article sur l’entrainement des papillons de Ken Ramirez:
https://www.clickertraining.com/the-butterfly-project
[4] Article concernant le gestion du poids de Avian Behavior International :
https://avian-behavior.org/weight-management-and-free-flight-bird-programs/
[5] Heidenreich, Barbara. (2006) Managing the deliverance of food to create motivation.

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Récompenser son perroquet sans risque de morsures

Récompenser son perroquet sans risque de morsures

Comment récompenser sans se faire pincer

Vous aimeriez créer une meilleure relation avec votre oiseau mais vous avez peur des morsures? Vous voulez récompenser votre perroquet pour ses bons coups tout en évitant les morsures?

Lorsque vous rencontrer un nouveau perroquet, vous voulez qu’il vous associe de façon positive. Pour débuter votre amitié du bon pied, il n’y a rien de mieux que le jeu. Pour moi, l’entrainement c’est une façon ludique d’enseigner pleins de choses à notre compagnon.
La première chose que j’enseigne à l’oiseau, c’est qu’il peut me faire confiance et que je respecte ses limites. Pour assurer une belle cohabitation, j’enseigne à l’animal les comportements de base comme suivre la cible, rester sur sa station, monter sur ma main, retourner dans sa cage, etc.

Sans cela, notre seule option serait d’utiliser la force ou la contrainte. Et ça, c’est très mauvais pour votre relation.

Dans cet article, je vous montre plusieurs techniques pour diminuer au maximum les chances de morsures lorsque vous vous voulez récompenser un perroquet. 

Mais, avant de commencer, voyons comment interagir avec un oiseau qui est terrorisé des humains. 

Les oiseaux qui ont vraiment peur

Que faire si l’oiseau que vous souhaitez apprivoiser est affolé par les humains ? Si vous approchez sa cage et que ce dernier se lance partout tellement il est stressé ?
Ces individus ne sont pas confortable du tout avec votre présence donc il faut prendre quelques étapes supplémentaires avant de pouvoir bâtir une belle relation de confiance avec eux. Si on arrive et qu’on s’impose sans préalable, on va empirer la situation et les enfermer dans leurs craintes.

La première étape, c’est d’identifier un aliment que votre compagnon aime énormément puis de vous assurez que vous devenez celui qui distribue cet aliment particulier. Si, par exemple, votre oiseau mange un mélange de graines et qu’il adore le tournesol, retirez cet aliment du mélange. Vous pourrez donc l’utiliser à votre avantage pour permettre à votre compagnon à plumes de se détendre en votre présence.  

Parlons des préférences alimentaires

Si la récompense que vous souhaitez utiliser se retrouve à volonté dans sa cage, sa valeur en sera diminuée. 

Au même titre que proposer du dessert en échange d’un bon comportement à un enfant qui peut en manger à volonté dans sa chambre, proposer un aliment à votre perroquet qu’il peut manger quand bon lui semble dans son bol n’aura pas le même effet. 

Grâce à cela, vous avez maintenant des outils à disposition donc reste plus qu’à apprendre comment vous en servir le plus judicieusement possible.

Parlant de ça, êtes-vous certain que votre animal est réellement intéressé par les récompenses que vous lui offrez? Connaissez-vous vraiment ces goûts? N’hésitez pas à faire des tests avec différents aliments de façon à trouver qu’est-ce qui motive réellement votre oiseau. Si ce dernier laisse tomber la noix une fois sur deux, c’est peut-être le temps d’explorer de nouveaux mets.

Faire le premier pas

Okay, ça y est! Vous avez trouvé les récompenses et maintenant il faut gagner la confiance du perroquet. 

Commencez par déposer une récompense (pas 1000, une seule) dans le bol de l’oiseau chaque fois que vous passez à côté de la cage. C’est tout. Faites-la tomber au travers des barreaux pour minimiser le contact.

Ensuite, on s’en va.

Pour l’instant, on ne le regarde pas, on ne lui parle pas: on veut juste associer notre présence à un évènement agréable. Il ne faut pas rester près de la cage pour l’observer. Comme il a peur de vous, vous n’aiderez pas votre cause. Votre arrivée ne sera pas aussi intéressante (de son point de vue) si vous entrez dans sa bulle à chaque fois que vous déposez la récompense. Contentez-vous de déposer l’aliment et de continuer votre chemin. 

Comment savoir si notre technique fonctionne ?

Au commencement, votre perroquet va probablement se tenir le plus loin possible de vous lorsque vous allez approcher sa cage. Il risque de se coller près des barreaux à l’opposé d’où vous vous trouvez.

À force de jumeler votre arrivée avec quelque chose qu’il aime, il va créer une association positive. Plus ça va aller et moins il va se tenir loin de vous pendant vous déposez la récompense. Plus vite que vous ne le pensez, il vous attendra sur son bol pour recevoir son dû.

C’est seulement à ce moment que vous pourrez passer à l’étape suivante.

Entrainer en contact protégé

Qu’est-ce que ça veut dire en contact protégé ? Et bien, simplement qu’on travail avec l’oiseau quand il est dans sa cage. C’est une excellente façon de débuter, surtout avec les individus ayant un historique de morsure.

Ça ne veut pas dire que l’on ne sort pas l’oiseau de sa cage ! C’est seulement qu’on entraine lorsqu’il est dans sa maison. Tout simplement.

Dans cette situation, non seulement vous vous sentirez plus en sécurité mais cela va probablement aussi rassurer l’oiseau. Vous pouvez récompenser votre perroquet sans aucun risque de morsures. L’animal n’a rien à craindre puisqu’il est protégé par les barreaux de sa cage.

Assurez-vous de bien connaitre le langage corporel du perroquet de façon à être en mesure de distinguer les signes d’inconfort. 

Se tenir à bonne distance

Les doigts auraient pu se trouver plus loin pour inciter l’oiseau à s’étirer et minimiser les risques de morsures

C’est très important de toujours arranger l’environnement de façon à ce que les bons comportements soient plus faciles à réaliser que les mauvais. Lorsque vous donnez des récompenses à un perroquet que vous ne connaissez pas, assurez-vous toujours de garder vos doigts à une certaine distance. Ainsi, vous évitez que l’oiseau ne puisse vous mordre.

Donc lorsqu’on donne une récompense au travers des barreaux de la cage, on n’entre pas les doigts à l’intérieur. L’oiseau doit seulement pouvoir venir chercher la récompense du bout du bec. 

Même chose lorsque l’oiseau est sorti de sa cage, pensez à garder la récompense assez loin pour que l’oiseau ait à s’étirer pour prendre l’aliment. 

Parce que tout est dans la prévention

Toute cette prévention a pour but de vous éviter bien des problèmes. Comme discuté dans mon article sur les morsures, il n’y a pas de bonne façon de réagir à ces dernières. La meilleur chose à faire, c’est d’éviter à tout prix les morsures en voulant récompenser votre perroquet.

Avez-vous vraiment besoin de prendre toutes ces précautions ? Cela dépendra entièrement de votre perroquet et de la relation que vous entretenez avec ce dernier!

Maintenant, vous êtes mieux outillé pour récompenser sans vous faire pincer !

Andréanne Garneau,
Intervenante en comportement aviaire (certifié CPBT-KA) et technicienne en santé animale

Tous droits réservés. ©Décembre 2020

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La station : la solution aux agressions territoriales

Comment gérer votre perroquet territorial ?

Chaque fois que vous approchez sa cage, la tension monte. Votre perroquet se raidit, prêt à bondir. Une petite goutte de sueur perle sur votre front.
Pas le choix, vous devez pénétrer le territoire de ce dinosaure préhistorique si vous voulez changer ses bols de nourriture.
Après tout, vivre avec un perroquet territorial c’est pas toujours de tout repos.

Mais pourquoi est-il aussi territorial ? 

Vous qui ne voulez que son bien, qui vous assurez que son eau est toujours fraîche et ses augets bien remplis, vous êtes chassé de son territoire comme un vulgaire étranger ! En plus, vous avez tout fait pour gagner sa confiance mais il continue sans cesse de vouloir vous éloigner.

Lorsque vient le temps de faire la rotation des jouets et le grand ménage, c’est la guerre. Votre perroquet tente de mordre vos mains et cela vous complique vraiment la tâche. 

Même s’il ne vous mord pas fort, vous craignez qu’un jour les morsures augmentent en force et vous n’avez pas tort. Il est vrai que certains perroquets se contentent d’avertir au début. Sauf que rien ne vous garantit qu’il en sera ainsi pour toujours. À force d’ignorer ses avertissements, il pourrait passer aux choses sérieuses.

Pourtant, il semble vous apprécier car vous pouvez le flatter et le prendre sans problème lorsqu’il n’est pas dans sa cage. Alors, c’est quoi son problème ?

Se rejoindre à mi-chemin

Bien qu’il agisse de façon indésirable, au fond, votre oiseau essaie juste d’éloigner vos main de son territoire. C’est un comportement tout à fait normal, quoique plutôt problématique en captivité. 

En plus, il y a fort à parier que vous agresser «fonctionne». Ce que je veux dire par là, c’est qu’il fonce vers vos doigts pour augmenter la distance entre eux et sa cage… et c’est probablement exactement ce qui se passe à chaque fois. Lorsqu’il fonce vers vous, vous reculez votre main. 

Le problème c’est que vous revenez toujours et cela n’a pas pour effet de décourager votre compagnon. Bien au contraire ! 
Comment réagir alors ? Devriez-vous sacrifier votre main pour lui faire comprendre que son comportement n’a aucun effet ?

Non, soyez rassuré !

Tout d’abord, il faut accepter que votre perroquet n’apprécie pas les intrusions dans son territoire. Cela n’a rien à voir avec vous. Contrairement à ce que vous pourriez penser, ce n’est pas du tout personnel. 

C’est simplement ce que l’on appelle de la protection des ressources. Encore une fois, c’est un comportement normal. Bonne nouvelle, votre oiseau n’est pas brisé !

En bref, votre perroquet doit apprendre à se comporter différemment mais il faut faire votre part du marché. Ce n’est pas pour vous défier que votre oiseau veut vous tenir à distance ni parce qu’il ne vous apprécie pas. C’est seulement qu’il n’est pas confortable lorsque vous êtes dans son territoire. 

Je vous propose donc une solution qui vous demande de la compréhension envers votre compagnon sans pour autant vous résoudre à accepter ce comportement.

On accepte de diminuer au maximum les manipulations non nécessaires de son territoire et, en échange, on lui demande de nous laisser procéder en toute tranquillité.

RÉCAPITULATIF
A. Acceptez que votre perroquet agit tout à fait normalement (du point de vue de son espèce).
B. Comprenez que cela n’a absolument rien de personnel envers vous.
C. Diminuez les manipulations non nécessaires au maximum ! On ne veut pas le frustrer.

Entrainez une station

Au lieu de constamment devoir développer de nouveaux stratagèmes pour contrer ses attaques ou encore d’essayer de punir son comportement, je vous recommande d’enseigner une station

Franchement, le concept de la station est assez simple. Il consiste à apprendre à l’oiseau à rester à un endroit prédéterminé pendant une période donnée. 

En d’autres mots, on souhaite que le perroquet reste sagement sur un perchoir loin de vos doigts. 

C’est un comportement incompatible avec celui de venir vous attaquer ou d’essayer de vous mordre la main. C’est aussi très pratique pour les oiseaux qui se ruent dès qu’on ouvre la porte de la cage. 

Perso, j’utilise plusieurs types de stations différentes en fonction de ce que j’attends de l’oiseau.  

Perroquet Meyer sur sa station dans la porte de sa cage utilisée pour les séances d’entrainement

Comment entrainer une station ?

Avant de débuter
– Assurez-vous d’avoir les récompenses favorites de votre oiseau à portée de main.
– Ne commencez pas à entrainer lorsque vous êtes pressé.

1) Décidez quel perchoir fera office de station.
Choisissez un endroit où le perroquet sera à bonne distance de la porte de la cage et de vos mains lorsque vous changez les bols. 

2) Approchez-vous de la cage sans y toucher ni ouvrir la porte. Incitez l’oiseau à se percher à l’endroit désigné en l’attirant avec des récompenses. Dès qu’il a les deux pattes au bon endroit, vous pouvez lui dire «station» (ou même «banane», le mot utilisé n’a pas d’importance). 
Récompensez-le au travers des barreaux de façon à réduire au maximum les risques de morsures. Vous pouvez lire mon article sur l’entrainement en contact protégé

3) Encouragez votre animal à rester sur place en lui distribuant des récompenses. 
Oui, au début, on donne beaucoup de récompenses mais c’est temporaire. C’est simplement le temps que l’oiseau comprenne ce que l’on attend de lui. 
Astuce : vous pouvez utiliser de toutes petites récompenses ou encore des récompenses santé. 

4) Commencez à distancer les récompenses dans le temps en vous assurant que votre oiseau reste sur place. 
Vous voyez ? On commence déjà à réduire la cadence.  
N’oubliez pas que chaque individu est différent. Si votre perroquet quitte constamment sa station, c’est peut-être parce que vous allez trop vite dans les étapes ou qu’il n’a pas compris le but du jeu.

5) Chaque fois qu’il quitte sa station, redirigez-le vers son perchoir. Au moment où il est au bon endroit, vous dites «station» puis vous le récompensez. 

Lâchez pas, vous y êtes presque !

6) Progressivement, vous allez dire «station» de plus en plus tôt. Par exemple, vous commencez au moment où l’oiseau pose une patte au bon endroit puis au moment où il est en train de se diriger vers son perchoir et finalement avant le comportement.
Voilà, très grossièrement, comment on apprend une commande à notre animal. 

7) Augmenter la durée. 
Comme c’est un comportement qui requiert une certaine durée, on doit bâtir cette dernière graduellement. Il ne serait pas raisonnable d’imaginer que votre oiseau peut rester sur place pendant 5 minutes dès la première séance. 
C’est la même raison pour laquelle les élèves de maternelle ont plus d’heures de récréation que les autres niveaux : pour leur apprendre doucement à rester assis plus longtemps. 

8) Augmenter la difficulté en ajoutant les distractions progressivement.  
C’est le temps de montrer à votre compagnon qu’il doit rester sur sa station malgré les distractions. On ne veut pas le mettre en situation d’échec donc on doit être attentif à son langage corporel et s’arrêter avant qu’il ne quitte sa station.
C’est difficile pour lui de rester sur place pendant que vous changez les bols et la tentation sera forte pour lui. Commencez par seulement toucher la porte et récompense-le pour être resté sur place. À mesure que vous progressez, vous pourrez entrer de plus en plus dans son territoire.

Conure à joues vertes sur sa station de carton jaune

N’ayez pas peur de vous lancer

Après tout, on ne parle ici que de quelques petites séances d’environ 5 minutes chacune pour enseigner une station. Tout ce que vous risquez, c’est d’adorer entraîner et de vous découvrir un nouveau talent… ou pas ! 

Vous pouvez continuer d’essayer de gérer les comportements indésirables avec les moyens dont vous disposez…

…ou vous pouvez régler la situation une bonne fois pour toute. 

La décision vous appartient entièrement.

Le danger lorsqu’on essai de diminuer un comportement sans apprendre à l’oiseau quoi faire à la place, c’est de n’avoir comme outil que les punitions. Et les punitions ont un arrière goût plutôt désagréable (agressions, fuite et évitement, peur généralisée, apathie). 

ASTUCES
I. Minimisez au maximum les frustration en évitant de toucher inutilement la cage de l’oiseau ou en le provoquant lorsque vos doigts sont hors d’atteinte (volontairement ou non).
II. Lorsque vous lavez la cage pensez à mettre votre perroquet dans son parc. En l’installant plus loin, vous éviter d’être dérangé par votre compagnon ou de le fâcher inutilement.
III. Si possible, ayez un double des bols d’eau et de nourriture. Comme cela, quand viendra le temps de changer ces derniers, vous en aurez d’autres déjà prêt. Vous n’aurez qu’à manipuler la cage qu’une seule fois.

Andréanne Garneau,
Intervenante en comportement aviaire (certifiée CPBT-KA) et technicienne en santé animale

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